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Théories des Limbes
De Le Maître Sain — 10 février 2024 à 19h40
La causalité inversée, kézako ?
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[désolé la mise à jour du site empêche de poster des images...]

 

Histoire de s’embrouiller encore plus avec les théories d’Anton… ^^

 

La causalité inversée (dite rétrocausalité) est une hypothèse discutée en philosophie et en physique. Il s'agit d'affirmer la possibilité qu'une cause future ait un effet au passé, ou, en d'autres termes, de remettre en cause l'axiome selon lequel toute cause précède temporellement son effet. Cette thèse est en lien avec les spéculations sur les voyages dans le temps. 

Des Grecs jusqu’à Hume et Kant, la règle est la même : toute cause précède son effet, et il n’y a même pas besoin de le démontrer. Mais au XXe siècle, certains philosophes tentent de conceptualiser une causalité inversée : un effet peut-il précéder sa cause ?

Plusieurs objections importantes s'élèvent, dont celle du « paradoxe du grand-père » de René Barjavel : « Si je voyage dans le passé pour tuer mon grand-père, alors je ne suis jamais né, donc je n'ai pas pu voyager dans le passé pour tuer mon grand-père. L'effet (la mort de mon grand-père et par conséquent ma non-naissance) aurait été causé par une cause future (mon voyage dans le passé). »

 

 

En 1954, le philosophe Michael Dummett tente de démontrer la possibilité conceptuelle de la causalité inversée, sans pour autant affirmer qu'il est effectivement possible de changer le passé. Il faut en effet distinguer entre le fait qu'une cause future puisse influencer le passé, et le fait de changer le passé en tant que tel : accepter la causalité inversée, ce n'est qu'admettre la première possibilité ; pas la seconde, qui semble irrationnelle aux yeux des philosophes. En d'autres termes, il s’agit d'une conception réaliste du temps : si l'effet précède sa cause, il existait réellement au moment où il a eu lieu ; il n'a pas été créé de toutes pièces, après coup, par la cause future.

Deux ans plus tard, le philosophe Max Black suggéra que l'observateur d'un effet pourrait agir afin d'empêcher sa cause à venir, et donc annuler l'effet. Deux réponses ont été apportées à cet argument.

1) Si, B ayant eu lieu, l'agent X essaie d'empêcher que sa cause, A, n'advienne, et réussit à le faire, B pourra avoir été causé par un autre événement C (et donc toujours avoir eu lieu).

2) Puisque A est la cause de B, toute tentative d'empêcher que A n'advienne est vouée à l'échec. Dans ce cas, nous ne pourrions pas manipuler ces causes de façon à prévoir tel effet.

Selon certains, les « paradoxes de boucles de causalité » rendent toute conception de la causalité inversée (ainsi que du voyage dans le temps) intrinsèquement incohérente. Une boucle de causalité consiste à dire : A cause B ; B cause C ; et C cause A. La cause présuppose naturellement son effet, et on peut donc se demander comment elle a pu advenir... Mais quelques-uns affirment qu'une boucle de causalité pourrait être conçue de façon cohérente. Quoi qu’il en soit, la prise en compte de la causalité inversée permet de considérer la part d'aléatoire des évènements comme déterminée (par une cause postérieure).

 

 

Autre paradoxe : se tuer soi-même dans le passé via un effet provoqué par une cause postérieure (causalité inversée et non par voyage dans le temps). Or, si on accepte la causalité inversée, il serait physiquement possible de se tuer dans le passé ; mais ceci est physiquement impossible dans le monde d'où l'on vient, puisque justement on en vient. Le paradoxe vient donc de cette possibilité physique d'agir sur soi via la causalité inversée et de son impossibilité physique…sauf à adopter l'interprétation d'Everett dite « des mondes multiples ».

Hugh Everett actualise en quelque sorte l’expérience d’Erwin Schrödinger. Pour rappel, il s’agit d’un chat enfermé dans une boîte avec un flacon de gaz mortel et une source radioactive ; si un compteur Geiger, placé à l’intérieur, détecte un certain seuil de radiations, le flacon est brisé par un mécanisme interne spécial et le chat meurt. Selon l'interprétation de Copenhague, le chat est à la fois vivant et mort. Pourtant, si nous ouvrons la boîte, nous pourrons observer que le chat est soit mort, soit vivant.

L’interprétation d’Everett va encore plus loin et postule que chaque évènement est une bifurcation. Le chat est à la fois mort et vivant, avant même l'ouverture de la boite, mais le chat mort et le chat vivant existent dans des bifurcations différentes de l'univers, qui sont tout aussi réelles l'une que l'autre.

Selon Everett, et dans des termes quantiques, en l’absence du « processus de réduction du paquet d’onde » (l’observation extérieure), l’univers se trouve ramifié en une superposition d'un nombre astronomique de mondes séparés (mais on ne peut pas vraiment le voir).

 

 

Selon une autre théorie, il ne serait possible de rétroagir sur le passé que si cette rétroaction n'empêchait pas le présent d'advenir. Donc de n'agir que sur des points locaux et mineurs, voire anecdotiques, n'influençant pas fondamentalement l'Histoire. Une telle solution fait place à une certaine contingence des événements : tous ne sont pas nécessaires ni liés ensemble de façon nécessaire et univoque.

Le professeur Anton Zeilinger a beaucoup travaillé sur la « téléportation quantique », une technique qui consiste à transférer l’état quantique d’un système vers un autre système similaire et distant, sans devoir transporter physiquement le système lui-même. En d'autres termes, c'est un moyen de transmettre l'information contenue dans un système quantique à un autre endroit, sans avoir à déplacer le système physique.

Ce transfert s'appuie sur le phénomène « d’intrication quantique », selon lequel deux parties d'un système quantique sont liées de manière à agir comme un seul système, même si elles sont séparées par de grandes distances. La téléportation quantique utilise cette « liaison » comme une ressource pour transférer l'état quantique d'un système à un autre en utilisant des processus de mesure et de correction d'erreur.

 

Mais ça veut dire quoi « quantique » ?

Ça vient de « quantum », la plus petite mesure indivisible d’un élément. Le domaine quantique traite du comportement des objets physiques au niveau microscopique (atome, noyau, particules). Contrairement à la physique classique, la physique quantique décrit la matière et le rayonnement de manière discontinue, utilisant pour cela le concept d'unités discrètes appelées « quanta ». Un système passe ainsi d'un état à un autre selon certaines valeurs définies : c'est la quantification. L'effet photoélectrique – émission d’électrons sous l’influence de la lumière – illustre cette propriété. Par ailleurs, cette théorie décrit l'état d'un système non plus par sa position et sa vitesse, mais par sa fonction d'onde, qui permet de calculer sa probabilité de présence. Ainsi, un objet quantique (ou « quanton », par exemple un boson ou un fermion) peut se trouver à deux endroits à la fois…

 

 

Bon, tout ça nous ramène à l’idée qu’il y aurait un ou plusieurs mondes parallèles, plus ou moins liés, tout comme avec la Terre, via un système d’ondes difficilement perceptibles. Il serait possible d’agir dans l’un ou dans l’autre, et depuis l’un ou l'autre. Il serait aussi possible de modifier les propriétés du temps et de l’espace à l’infini, et de jouer avec le temps et l'espace dans un sens comme dans l’autre. On comprend dès lors l'histoire de la Prescience, le retour systématique des lunettes d'Yvan, le retour après une mort limbique... La superposition des univers le permet sans problème. Il suffit de puiser dans l'un des nombreux mondes alternatifs existant en parallèle des Limbes connues (il y aurait donc plusieurs mondes, plusieurs Limbes ?). Et ces univers peuvent mourir, disparaître puis se régénérer, émerger ex nihilo...

Si cela fait sens…

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