Agora
Fans arts
De Malike — 2 juillet 2025 à 22h10
Défi du 22 - Porteur de flamme - Lî Zhu
Signaler Tag (1)

Zhu aimait jouer, avant d'arriver dans les Limbes.

Zhu aimait jouer, après être arrivée dans les Limbes.

Elle joua très longtemps, à toutes sortes de jeux. Parfois pour gagner, avec plus ou moins de succès, parfois pour simplement jouer.

Les années passant, elle devint plus douée, jusqu'à brusquement passer championne dans toutes sortes de jeux de plateau. Tout comme si elle pouvait connaître les coups de ses adversaires à l'avance.

Elle dont on louait la vivacité, la discrétion et l'humilité, on la déconsidéra à partir du moment où elle devint plus compétitive. La fierté ne seyait pas à sa mignonne bouille d'enfant de cinq ans.

Exclue des jeux, Zhu se retrancha à la bibliothèque, où elle apprit beaucoup de choses à propos d'une certaine ville d'Europe, dédiée aux médiums. Les descriptions qui étaient faites de ces prodiges de la divination lui rappelaient beaucoup ses facultés personnelles.

Quelques années de plus confirmèrent ses théories. Zhu voyait les choses venir, pressentait les changements, lisait l'avenir avec naturel.

Quand elle fut en âge de partir, Zhu quitta le quartier des Branches de Chine, non sans avoir méticuleusement pillé la bibliothèque. Elle voyagea vers de plus petits villages, où elle sut développer ses dons. 

Le Mal s'empara d'elle sans qu'elle éprouve le besoin de résister. Elle avait deviné quelle serait sa place. Devant elle, les rôdeurs aux yeux rouges s'inclinaient. 

 

Elle apprit que, sur l'autre continent, on avait trouvé le seigneur du Bien, et on cherchait son ennemi. Zhu n'alla pas à sa rencontre, ni ne souleva d'armée, ni ne revendiqua son rôle de cheffe.

Zhu voulait jouer, et se servit de ses partisans comme de pions.

La partie fut d'un ennui monumental. Zhu laissa le Bien s'exciter à des kilomètres et des kilomètres d'elle, inconscient que son plus grand adversaire vivait si loin, et submergé par des êtres du Mal dont les actes étaient orchestrés à distance. 

Quand le Bien eut fini de se retourner contre son chef, des décennies plus tard, Zhu vint à lui. Elle avait appris quelques notions du langage de son adversaire, juste de quoi moquer son désarroi, avant de laisser les siens l'éliminer.

Elle-même avait eu son compte en tourmentant les membres du Bien avec ses prédictions macabres sur leur destinée ; dans cette époque où les contacts entre pays des Limbes étaient encore restreints, elle était l'ombre d'une mite sur les murs. Insaisissable.

Elle s'éteignit comme la flamme d'une bougie. Deux siècles plus tard, on se demandera encore pourquoi cette enfant qui avait les Limbes au creux de ses mains ne les avaient pas menées à s'enfoncer sur elles-mêmes, jusqu'à disparaître, comme sa destinée l'exigeait.

Commentaires
Chargement des commentaires...