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Les personnages de Seuls
De fleakat — 24 avril 2025 à 22h22
Moi, perso [1] : Boris, humble et loyal
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Voici un concept totalement original, dans lequel je vais exposer en détail pourquoi j’apprécie autant tel personnage ! [toute ressemblance avec la série « Perso, je trouve » de Malike serait purement fortuite]

Plus sérieusement, merci à Malike d’avoir commencé cette série parce que j’ai réalisé que, bien qu’étant fan du personnage de Boris depuis des années et ayant fait de NOMBREUX posts à son sujet, je n’ai jamais exposé en détails ce qui me plaisait tant chez ce personnage, surtout qu’aux yeux de la communauté je n’ai pas l’impression qu’il soit si populaire. La plupart des gens l’ont oublié après le tome 5, mais pas moi. Et pourquoi ? Je vais tenter d’y répondre dans ce post.

 

A la première lecture du tome 5, tout comme Malike avec Lucius, je n’étais pas particulièrement attachée à des personnages, je regardais plus l’histoire dans sa globalité. Mais c’est seulement en relisant ce tome, cette fois-ci avec plus d’investissement, que non seulement je commençais à connaître les personnages, mais qu’en plus, à la page 38, page où l’on voit Boris, la poitrine sanglante, s’effondrer, j’ai alors ressenti mon cœur se serrer d’une manière qui n’était jamais, à ma connaissance, arrivée avant pour un autre personnage de BD. J’ai toujours été fan de bande dessinée, j’avais déjà été attachée à des personnages auparavant, je crois même avoir déjà vu des morts de personnages. Mais alors pourquoi voir un garçon avec des nattes et un chapeau de pirate mourir me rendait autant triste ? Pour le savoir, il faut remonter en arrière, précisément au tome 4, et analyser toutes les actions entreprises par Boris jusqu’à ce moment fatidique. (Je sais qu’il apparaît aussi au tome 3 mais j’en parlerai plus tard)

 

Les Cairns Rouges : Entrée en scène

Au tome 4 donc, il apparaît accompagné de Zoé. On apprend qu’ils sont partis parce qu’ils n’aimaient pas vivre dans une ambiance de dictature, malgré le cadre paradisiaque et la vie tranquille (surtout pour les garçons). Cela montre leur maturité et l’importance qu’ils accordent à leurs valeurs, malgré la difficulté qui vient avec (vivre dans la crainte de se faire attaquer par des animaux, devoir participer activement à la vie en communauté au lieu de se prélasser toute la journée). Boris et Zoé apparaissent comme des compagnons idéaux : ils sont très investis dans les tâches à accomplir, participent aux conseils du soir, n’hésitent pas à aider les autres et sont de manière générale extrêmement loyaux.

Alors, certes, ils présentent toutes ces qualités idéales, mais sans une personnalité et des traits de caractère bien définis, ils deviendraient vite ennuyeux. Fort heureusement, Boris (et je reviendrai sur Zoé dans un autre post) est plus que juste un « compagnon sympa ». Rien que dans le tome 4, on peut déjà établir pas mal d’observations sur lui :

C’est d’abord un personnage très franc qui n’hésite pas à exprimer ses pensées et ses doutes. On peut prendre comme exemple le conseil du soir, où il est perplexe face à la théorie d’Anton sur la rétractation de l’univers (« Mais alors, qu’est-ce qu’elles viendraient faire là-dedans, les 15 familles dont le papa d’Yvan a parlé ? »).

- Bien qu’étant serviable et mature, il peut aussi lui arriver de perdre patience, car focalisé sur un enjeu plus important, comme on peut le voir lorsqu’Edwige veut essayer son fusil (« Edwige… Tu veux bien me lâcher ? »).

Il a tendance à être casse-cou. On peut le voir avec le fusil qu’il porte tout le long des tomes 4 et 5, sa capacité à conduire des voitures et 4X4, et sa volonté continue de foncer vers le danger (par exemple lorsqu’il soutient l’idée de Leïla de récupérer Lucie aux mains des chimpanzés).

Il a le défaut d’être moqueur. Littéralement la première fois que ce personnage apparaît dans la BD (dans le tome 3), c’est pour se moquer d’Anton, en le traitant de « débilos ». Anton est différent de lui (« il finit jamais ses phrases »), et Boris voit cette différence comme source de moquerie, à coup de surnoms dénigrants. Plus tard au tome 4, lorsqu’Yvan est promu chef, Boris l’appelle "chef" avec sarcasme, certainement parce qu’il pense qu’il n’est pas à la hauteur, et par frustration de ne pas avoir été lui-même nommé comme dirigeant.

- Cependant, passé le moment de frustration, il sait accorder le mérite là où il faut, et bien qu’ayant une tendance à vouloir diriger, il sait se mettre au second plan pour laisser quelqu’un de plus compétent s’en charger. C’est parce qu’il comprend que la nécessité que tel ou tel plan marche est plus importante que son égo.

 

Au Coeur du Maelström : Le héros du tome

Tous ces traits de caractères sont encore constants dans le tome 5, où il est encore plus sur le devant de la scène.

- Dès le début du tome, Yvan fait remarquer à Leïla sa volonté de vouloir diriger, tout comme Boris. On a alors la confirmation que ses remarques moqueuses du tome précédent étaient bien le fruit de sa propre frustration de ne pas être chef.

- Son franc-parler monte d’un cran : il se dispute avec Leïla quant au sort du groupe, et n’hésite pas à se montrer menaçant alors qu’elle est dans son camp (« Nous oblige pas à t’emmener de force avec nous, Leïla »).

- Un nouveau trait de caractère apparaît, opposé à la tendance casse-cou du tome 4 : il devient précautionneux. Contrairement à Leïla qui veut rester à Fortville, lui veut partir car il considère que c’est trop dangereux de rester dans la ville. Son raisonnement ne fait pas l’unanimité donc on peut se demander si sa manière de penser était logique ou liée à un aspect personnel. (Zoé qui lui dit « On peut pas fuir tout le temps, Boris » avec un air triste, je me suis toujours demandé si ça sous-entendait pas peut-être quelque chose qui leur était arrivé dans le passé, surtout qu'il n'avait jamais été présenté comme un personnage fuyard avant). Plus tard, dans la voiture au moment d’arriver dans la zone rouge, il insiste qu’il vaudrait mieux ne pas y entrer. Lui qui se moquait d’Yvan dans le tome précédent, le voici devenu tout aussi prudent que lui ! Je suspecte que la mort de Dodji l’a fait prendre conscience de sa propre mortalité et il a réalisé qu’ils pouvaient vraiment mourir à tout moment.

Sa capacité à se remettre en question et son humilité sont très mises en avant dans ce tome et sont démontrées lorsqu’il se propose pour accompagner le groupe, mené par Leïla, dans la zone rouge. Plus que jamais, il nous montre que, malgré sa déception de n’avoir à nouveau pas été choisi chef, il sait que les enjeux sont plus importants que ça et sait mettre son égo de côté en reconnaissant Leïla en tant que chef. [On m’explique pourquoi des dirigeants quinquagénaires voire plus vieux sont moins matures qu’un gosse de 11 ans ?]

- Dans cette même scène il affirme ne pas vouloir que Leïla croie qu’il ait « la pétoche », donc il a définitivement un côté fier, ce qui est sans doute pourquoi il aime tant prendre des risques (mais en même temps ce tome est truffé de moments où il est précautionneux donc j’avoue que je n’ai pas d’explication).

 

Le tome 5 n’est pas encore fini, mais en relisant ce tome pour ce post, je réalise que la fin de Boris se fait de manière crescendo. Lui, si fier et téméraire, devient de plus en plus angoissé au fil du tome, comme s’il savait que sa fin était proche. En effet, au tome 4, il avait beau faire partie des aventures, il n’a jamais lui-même été en danger, étant seulement le conducteur de la voiture. Au tome 5, voulant aider le plus possible Leïla et ses amis, il devient acteur principal, au risque de sa propre vie. 5 frayeurs lui arrivent, comme si sa fin était une pièce de théâtre en 5 actes. Voyons ça de plus près :

La première frayeur vient quand la voiture qu’il conduit ne peut plus s’arrêter et fonce vers un bâtiment. Le groupe doit alors sauter par les portières pour éviter la mort. La tête de Boris cogne, un détail d’apparence insignifiante vu le contexte mais qui sonne sa fin selon moi. A partir de ce moment, il devient silencieux, se contente de suivre le groupe sans beaucoup d'interjection.

Arrive alors la 2e frayeur : un cheval avec des yeux similaires à ceux des singes se cambre et crée la panique. Boris perd alors toute rationalité et précaution et tire avec son fusil, geste qui est vite réprimandé par Leïla (« Arrête, Boris ! Tu vas seulement l’énerver encore plus, avec tes plombs ! »). Le Boris du tome 4 aurait peut-être fait cette action, mais celui actuel, du tome 5, était censé être plus raisonnable. Cependant, il se reprend vite et prend l’initiative de faire grimper tout le monde par-dessus la grille.

3e frayeur : le monolithe. Cela commence à faire beaucoup. Boris a de moins en moins d’entrain, ce qui est remarqué par Leïla : lorsqu’Yvan fait un vote à mains levées pour savoir qui veut partir de la zone, Boris ne lève même pas la main et ne dit pas un mot, ce qui étonne Leïla et elle lui demande ce qu’il en pense. Il répond alors que sa tête lui fait de plus en plus mal et qu’il veut bien rentrer.

[Je vais sans doute partir trop loin dans mes analyses mais je trouve cette case tragique. D’abord, on aura remarqué que tout au long du tome, le Boris plein d’entrain, téméraire et qui n’a pas la langue dans sa poche a laissé place à un Boris tout simplement effrayé. D’une certaine manière, même s’il a toujours montré beaucoup de maturité, son côté aventureux et casse-cou était la façon de l’auteur de montrer qu’il était toujours un enfant. Le côté peureux et sensible était plutôt représenté par des personnages comme Yvan ou Camille. Mais là, sa phrase « J’veux bien rentrer… », je l’interprète comme un enfant qui a joué de manière dangeureuse trop longtemps et qui n’en a plus envie, qui veut juste rentrer dans un milieu accueillant et protégé. Et si dans le monde normal, ce genre d’endroit est souvent la maison, pour Boris c’était le camp. Il voulait juste rentrer, c’était fini pour aujourd’hui, « on reviendra plus tard, d’accord ? ». Et cette tête qui lui fait mal… Certes, elle a cogné quand il s’est éjecté hors du véhicule, mais les autres personnages aussi avaient mal et n’ont pourtant émis aucune plainte passée cette scène. Pour moi, c’est clair : ce mal de tête, qui a commencé avec la première frayeur de Boris, représente son angoisse grandissante au fil du tome et on sent, tout comme Boris lui-même, que quelque chose va se passer. Sa fin est proche.]

4e frayeur : l’attaque d’Alexandre et Sélène. Camille, dans le bateau avec Boris, est touchée. Tel un moment de lucidité terminale, qui consiste en une résurgence de clarté et d’énergie peu avec la mort, Boris prend immédiatement les devants : il commande de se mettre à l’abri, procède à un échange de tirs avec les jumeaux, et prend sous sa protection Terry en plus de Camile. Il déchire sa chemise afin d’en faire un bandage pour Camille et la rassure en même temps.

 

La fin

Après une autre péripétie où leur bateau passe à travers une maison, ils atterrissent pile au pied du monolithe. Comme étant attiré par ce monolithe (sans nul doute un foreshadowing pour son futur en tant que Songe-creux), ignorant les craintes de Terry qui veut partir, Boris sort du bateau pour observer de plus près ce monolithe et tombe nez à nez avec Sélène, blessée et un couteau à la main. Après avoir entendu le plan de Sélène de vouloir tuer Terry et Camille, Boris réfléchit un court instant, puise dans ses dernières forces et se précipite sur Sélène pour la maitriser. Sa dernière action de son vivant aura donc été celle, encore et toujours, de protéger ses amis. Il se prend alors un coup de couteau en pleine poitrine. Comme je l’ai au début de ce (très long) post, cette page m’a hantée pendant longtemps. Comme ne pas être touchée par le regard choqué de Boris ? Lui qui a vécu la mort de son compagnon Dodji, qui a pris le plus de précaution possibles, va à présent aussi mourir ? Ses angoissantes grandissantes le long de la journée sont donc arrivées à leur but prédéterminé ? On voit qu’il ne s’attendait vraiment pas être touché. Sans doute avait-t-il toujours réussi dans sa vie à prendre des risques sans conséquences trop graves. Même avec la mort de Dodji, peut-être qu’une partie de lui se pensant encore intouchable. Mais non. Il a bel et bien été poignardé, et il saigne beaucoup.

La case d’après, il commence à s’agenouiller, crachant du sang, sans doute en train de réaliser, passé le choc. On voit alors dans son regard le désespoir d’une personne sur le point de mourir sans autre issue possible. On ne voit pas sa face sur la case suivante donc on ne peut pas savoir quelle autre émotion le traverse, avant qu’il ne succombe et s’effondre au sol, mort en héros. La dernière image qu’on a de lui tel qavant qu'il ne soit englouti par le monolithe est son regard attristé et vulnérable, les yeux fermés, à côté d’une Sélène absolument terrifiée. Clap de fin.

 

Je n’avais absolument pas toutes ces pensées qui me sont venues quand j’ai été impactée pour la première fois par sa mort, mais j’imagine qu’elles ont toujours dû être présentes au fond de moi et que j’avais ces notions inconsciemment. Je pense que Vehlmann lui a fait subir le traitement qui est commun à beaucoup de personnages de fiction, à savoir le faire apparaître comme super sympathique pour ainsi rendre sa mort encore plus déchirante. Chapeau, l'artiste.

Voilà donc l’histoire tragique de Boris, un personnage vite oublié dans la fandom mais pour moi le héros du tome 5 et mon personnage préféré de la BD entière.

 

« Oui ok, mais pourquoi tu ne l’as pas oublié après le tome 5 alors ? » me diriez vous, et la réponse, c’est que je n’ai pas oublié cette tristesse quant à sa mort. J’ai passé les tomes suivants à désespérément trouver les signes qui indiqueraient son retour, me réjouissant de chaque mention de son prénom, être hypée quand il apparaît sur la toute dernière case du tome 6. Il fait son grand retour dans le tome 7 et franchement je suis contente du rôle que Vehlmann lui a donné et ça ne m’aurait pas forcément déplu qu’il reste zombifié, parce qu’à partir du tome 8 il ne fait plus RIEN. Rien du tout. Et ça, c’est encore plus tragique que sa mort. Parce qu’il est oublié. Je n'ai pas parlé des tomes après le 5 dans mon post parce que, bien qu'il apparaisse par moments et qu'il ait l'air encore plus badass qu'avant, je n'ai plus rien à dire quant à des traits de caractères qui me font l'apprécier. Le but ici n'était pas de réécrire sa page wiki mais vraiment d'analyser ses actions pour en faire ressortir des caractéristiques qui rendent ce personnage complexe et tridimensionnel, et pour moi attachant. Boris n'est pas parfait, mais son humilité, sa loyauté et son courage font que je trouve ce personnage touchant.

Je dois aussi évidemment mentionner son chara design, iconique selon moi. Un look de pirate avec les nattes et le tricorne, auxquels viennent s’ajouter la peau verdâtre et les yeux rouges lorsqu’il se transforme en zombie. J’ai vraiment hâte de voir comment il sera représenté dans la série à venir, surtout que pour moi son look marche car on est dans une BD mais il serait difficile à retranscrire en live action sans que ça ne paraisse maladroit. On verra bien !

 

 

Je voudrais aussi parler de Zoé à l’avenir car non seulement son amitié avec Boris est tout simplement wholesome (j’arrive jamais à trouver de bon équivalent à ce mot en français), mais elle-même en tant que personnage individuel est très attachante, pour des raisons similaires mais en même temps différentes que celles pour Boris.

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